Le choix de l’alcool carburant



Bruno Jacintho, un Brésilien quinquagénaire éleveur de bétail, s'est lancé dans la production d'éthanol, biocarburant élaboré à partir de l'alcool de canne à sucre. Au milieu de sa ferme de 4 000 hectares, à Colombia (État de Sao Paulo), l'usine Continental brille au soleil. La production commencera à partir du 2 avril, avec le début de la récolte.
Peu à peu, les cultures de la « fazenda » de Bruno Jacintho changent. Ses 10 000 bêtes engraissent à 200 km, dans l'État du Goias, tandis que le maïs, le soja et les haricots font place au vert feuillage ondulant de la canne à sucre. « En faisant ce choix, je m'oblige à être au courant des innovations qu'implique cette culture », confie cet homme aux manières de gentleman, qui dévore les publications spécialisées et assiste à des séminaires. Il étudie les méthodes de cueillette, mécanisée sur 20 % de ses terres. Chaque machine coûte 300 000 euros, mais elles se banalisent à Sao Paulo, État qui fournit 60 % du biocarburant brésilien.
L'Union des industriels de canne à sucre estime que la production annuelle atteindra 30 milliards de litres dans dix ans. Le secteur est en plein essor car il faut augmenter le nombre de distilleries et la surface des plantations et relever des défis technologiques. « Le Brésil est à l'avant-garde, assure E. de Almeida, professeur à l'université fédérale de Rio de Janeiro. En dominant toute la ligne d'une production sophistiquée et complexe, il en est devenu le leader mondial. »
La canne recouvre 6 millions d'hectares (dont 3,3 millions réservés à l'éthanol). Selon les spécialistes, l'extension des plantations ne menace pas l'Amazonie, car le Brésil dispose de 90 millions d'hectares en friche. En 2030, le pays pourrait produire 20 % du combustible vert mondial, soit 130 milliards de litres, grâce à sa technologie de pointe.
Source : Le Monde, 08 mars 2007