La Silicon Valley passe au vert



« Avec notre nouvelle technologie solaire, on produit déjà de l'électricité au même prix que le nucléaire. Sans danger. Les technologies "vertes" représentent un business de plusieurs milliers de milliards de dollars, alors je vous le dis : nous allons devenir plus gros que Cisco ! » Martin Roscheisen, patron de Nanosolar voit déjà sa petite start-up de Palo Alto rivaliser avec le leader mondial des réseaux internet. A la tête d'une centaine de personnes dans la banlieue de San Francisco, il en est encore loin. Mais dans leurs laboratoires, ses ingénieurs ont mis au point un film ultramince de cellules photovoltaïques pour réaliser des panneaux solaires à bas prix. Dans ses deux usines, encore en construction en Californie et en Allemagne, Nanosolar s'apprête à en fabriquer deux millions de mètres carrés chaque année. De quoi produire autant d'énergie qu'une centrale nucléaire.
Il sait qu'il surfe sur la crête d'une impressionnante vague verte qui déferle sur la Silicon Valley. Après l'ère des technologies de l'information, voici celle du greentech (technologies vertes) ou du cleantech (technologies propres).
L'an dernier, 725 millions de dollars y ont été investis dans le solaire, l'éolien, les biocarburants, les voitures à hydrogène ou encore l'efficacité énergétique. Trois fois plus qu'en 2005. …
L'engouement actuel s'explique par la conjonction de différents facteurs : d'abord la hausse des prix du pétrole, une énergie épuisable ; puis la prise de conscience du réchauffement climatique, grâce à l'activisme de l'ex-vice président Al Gore. Tout aussi significatif, le changement d'attitude de multinationales désormais conscientes que l'on peut continuer à faire des affaires tout en sauvant la planète. Ainsi, General Electric n'a jamais vendu autant de turbines pour éoliennes et le géant de la chimie Du Pont multiplie les recherches sur l'éthanol. Quant au pétrolier BP, il vient d'offrir 500 millions de dollars à l'université de Berkeley pour créer un Energy Bioscience Institute consacré au développement de tous les biocarburants. »
Source : Gilles DELAFON, Journal du Dimanche, 15 Avril 2007