Les zones arctiques sont menacées à cause de leurs richesses pétrolières et gazières



L'Arctique est doublement exposé aux conséquences du réchauffement climatique. D'abord, la région subit les impacts concrets de la hausse des températures, plus sensible aux pôles […]. Mais c'est surtout la perspective d'une disparition de la banquise en été qui inquiète, car elle ouvrirait la voie à une exploitation des ressources naturelles encore balbutiante. L'Arctique recèle environ 25 % des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel, ce qui excite les convoitises. […].
Le glaciologue Ola Johanessen (Université de Bergen, Norvège), a rappelé les conséquences de l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère. La surface de la banquise présente sur l'océan Arctique en septembre a diminué de 15 % depuis une vingtaine d'années. Les eaux sont libres de plus en plus longtemps. Et si la concentration de CO2 doublait, la banquise disparaîtrait complètement pendant l'été en 2070. […].


Conflits géostratégiques

Quel en sera l'impact sur l'environnement très fragile de l'Arctique, mais aussi sur ses habitants ? « Cette zone n'est pas déserte, 4 millions de personnes y vivent », a rappelé Mme MacGlade.
Pour l'instant, les industries maritimes et pétrolières restent en position d'attente. Les obstacles techniques sont nombreux : naviguer dans des zones en partie prises par les glaces et les exploiter demande des équipements adaptés, coûteux, et une main-d'œuvre aguerrie. Des informations régulières et fiables sur l'évolution de la météo, ou l'épaisseur de la glace font encore défaut.
En outre, les conflits géostratégiques sont légion. Jusqu'à présent, les eaux internationales arctiques, couvertes de glace, n'intéressaient guère. Aujourd'hui les États riverains, appâtés par ces perspectives, réclament à l'ONU d'étendre leur souveraineté en se fondant sur l'extension de leur plateau continental. « Le statut international est plus protecteur », relève Ralph Rayer, océanographe, vice-président de l'Imarest. Mais, prévient-il, « une fois que les conflits territoriaux entre États seront tranchés, l'exploitation de l'Arctique pourrait se développer très rapidement ».
« Pouvons-nous laisser ce développement économique se dérouler sur la base de rapports bilatéraux entre les compagnies privées et les États, sur des bases uniquement commerciales ? », interroge Jacqueline MacGlade. Selon elle, il faut au minimum s'assurer que les conventions internationales de protection de l'environnement seront respectées et que le devenir des populations indigènes sera pris en compte. « Il est encore temps d'instaurer des règles qui permettront d'agir correctement dans cette zone, affirme-t-elle. Mais les États concernés seront-ils capables de s'imposer les restrictions nécessaires ? »
Source : article de Gaëlle Dupont, publié le 06 Novembre 2006 sur Le monde.fr