Le canal de Panamá du Nord



La disparition progressive des glaces résulte d’une évolution à long terme qui voit s’élever la température dans l’Arctique depuis plusieurs dizaines d’années et, dans une moindre mesure, du réchauffement progressif de la planète par les gaz à effet de serre.
Dans ces mers septentrionales, l’augmentation de 0,5 °C de la température du globe a transformé la physionomie du passage sur des milliers de kilomètres.
Les armateurs, eux, s’enthousiasment pour ce « canal de Panamá du Nord » qui permettra de réduire de plus de 9 000 km le trajet entre l’Europe et l’Asie orientale.
Les compagnies maritimes européennes et asiatiques étudient discrètement la question. « C’est tentant », reconnaît Rob Huebert, directeur associé du Centre d’études militaires et stratégiques, à l’université de Calgary. « On peut réduire énormément la durée du voyage. Et, dans le transport maritime international, le temps, c’est de l’argent. » Les plus gros pétroliers, que leur taille les empêche d’emprunter le canal de Panamá et qui sont donc contraints de contourner l’Amérique du Sud, seraient évidemment les plus grands bénéficiaires de ce nouvel itinéraire.[...]
Le plus préoccupant demeure le risque de marée noire dans des endroits jusqu’à présent préservés. « Dans ce fichu endroit, entre la terre qui est partout et les tonnes d’icebergs qui flottent autour de vous, la moindre erreur de navigation de n’importe quelle coque de noix rouillée peut souiller la région entière de fioul ou de produits toxiques », met en garde Earl Badaloo, le directeur des services de protection de l’environnement du Nunavut. « Ce serait vraiment la catastrophe. »
Source : article de Usha Lee McFarling du Los Angeles Times paru dans Courrier International n° 647, du 27 mars 2003 - http://www.courrierinternational.com