Les sédiments de l’étang de Berre : contamination en métaux lourds et pollution organique



L’étang de Berre est l’objet depuis de nombreuses années d’une pollution industrielle et domestique qui a entraîné un bouleversement écologique.
Les pollutions d’origine industrielles ont gravement endommagé l’étang au cours des années 1950. Le déversement incontrôlé de produits toxiques aussi bien par les PME-PMI que par les grandes unités de production industrielles, notamment pétrolières, a provoqué une accumulation de métaux lourds dans les couches sédimentaires situées au fond de l’étang. Depuis 1972 et l’adhésion des gros industriels au SPPPI, les entreprises ont considérablement réduit les effluents liquides rejetés (jusqu’au respect des normes en vigueur). Par contre, depuis 1997, la situation n’a plus montré d’amélioration.
À la pollution industrielle s’ajoute une pollution d’origine agricole et domestique qui apporte dans l’étang des eaux chargées en nitrates et contribuent à sa pollution.
De plus, lors des orages, les eaux pluviales sont pour l’essentiel rejetées au milieu sans traitement préalable, et le bilan des apports annuels de temps sec et de temps de pluie (hors canal EDF) fait apparaître la contribution majoritaire de la pollution pluviale urbaine en terme d’apport de plomb (74 %), de zinc (71 %) et d’hydrocarbures (79 %). Parmi les polluants présentant des dangers pour la faune, la flore et pour la santé humaine, on trouve dans l’étang de Berre : - De l’azote :
L’azote s’accumule dans les sédiments ce qui forme un stock susceptible, dans certaines conditions, d’être relargué du sédiment vers l’eau et donc de devenir disponible pour alimenter la croissance des algues.
Un développement trop important des algues engendre des nuisance importantes envers les activités de loisirs et de pêche : odeurs liées au pourrissement des algues échouées sur les berges, manque de clarté de l’eau, présence de mousse à la surface de l’eau. - Du plomb :
Plusieurs zones de l’étang présentent des concentrations entre 100 et 200 mg/kg, et une zone à l’est de l’étang approche les 200 mg/kg ce qui est une contamination extrême. Cette zone correspond au point d’implantation de l’industrie pétrochimique de la ville Berre. - Les hydrocarbures totaux :
Ils sont rejetés surtout par l’industrie pétrochimique mais également par l’activité de l’aérodrome de Marignane. Selon les normes en vigueur au Canada une concentration supérieure à 10 000 mg/kg de sédiments secs représente un effet néfaste sur la vie aquatique. Cette concentration n’est pas atteinte dans l’étang de Berre mais on retrouve néanmoins de fortes concentrations de ces composés chimiques dans les sédiments de la partie Est de l’étang (jusqu’à 3 200 mg/kg de sédiments secs). - Les PCB (polychlorobiphényles) :
Ces composés organiques toxiques voisins du DDT proviennent des rejets urbains, des décharges de matériel usagé et de l’activité industrielle. Leur production a cessé en France depuis 1987 mais ils perdurent néanmoins dans les eaux à des concentrations non négligeables, du fait de leur adsorption par les sédiments et de leur grande stabilité.
Ils sont peu biodégradables et liposolubles. Ils s'accumulent donc dans les graisses des organismes vivants, et par conséquent se concentrent fortement dans la chaîne alimentaire.
Sources : Rapport législatif du sénat 312 - 1996/1997 - Commission des Affaires économiques - http://www.senat.fr/rap/l96-312/l96-3121.html
Bilan des connaissances, État de santé du milieu de l’Étang de Berre, GIPREB, 2002 - http://www.etangdeberre.org/GIPREB/pdf/GIPREBrapScientifique.pdf
IFREMER : Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer - http://www.ifremer.fr/envlit/documentation/dossiers/bioevaluation/site/bioev_c12.htm
CNRS : Centre national de la Recherche Scientifique - http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/degradation/05_pollution.htm