Le risque d’éboulement de Séchilienne reste un casse-tête scientifique



[...] Près de Grenoble (Isère), à Séchilienne, tout un pan de montagne menace de se rompre et de bloquer la vallée de la Romanche à cet endroit. Les scientifiques, qui étudient le phénomène depuis quinze ans, ne peuvent dire quand et comment. Une chose est sûre : le volume rocheux de cet éboulement pourrait représenter l’équivalent de dix fois celui des Twin Towers de New-York. Un vrai danger, car ces débris pourraient créer un barrage artificiel qui retiendrait les eaux de la Romanche. En cas de rupture, c’est la commune de Vizille et un complexe chimique de trois unités classées « Seveso », qui seraient aussitôt balayés. […]
Le compte à rebours a été calculé : cinq minutes pour détruire les capteurs d’eau de l’agglomération grenobloise, vingt minutes pour noyer la commune de Vizille, une demi-heure pour atteindre le complexe chimique grenoblois avec ses trois usines classées « Seveso » […] « deux fois Toulouse », prédit Gilles Strapazzon, maire de la commune de Saint-Barthélémy-de-Séchilienne qui a vu l’un de ses hameaux vidé de ses trois cents habitants et son école fermée, en application ( pour la première fois en France ) de la loi Barnier sur la prévention des risques naturels imminents.
Ce sont des chutes inhabituelles de blocs de pierre sur la nationale 91, qui avaient permis en 1985 de révéler le phénomène. Face à la menace pesant sur un itinéraire emprunté l’hiver par 20 000 véhicules pour rejoindre les stations de ski de l’Oisans, l’Etat avait réagi et, en moins d’un an, dévié la portion de route menacée, élevé une digue de protection et creusé un lit de secours de la Romanche.
Parallèlement, le versant était truffé de capteurs et la surveillance du site confiée au Centre d’études techniques de l’équipement (C.E.T.E) de Lyon.
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Source : © Le Monde, Nicole Cabret, 22 novembre 2002