Accident industriel et pollution des fleuves Songhua Jiang et Amour



Le 13 novembre 2005 un accident dans une usine pétrochimique de la compagnie d’Etat Pétrochina à Jilin (nord-est de la Chine), a fait officiellement 5 morts et a entraîné l’évacuation de 10 000 personnes. L'accident a entraîné la formation, sur le fleuve Songhua Jiang, d'une nappe d’hydrocarbures de 80 km de long contenant notamment une centaine de tonnes de benzène, accompagnée de divers autres produits dont le nitrobenzène.
La nappe de pollution a traversé la ville de Harbin, qui compte 9 millions d'habitants, polluant son eau potable. Après avoir quitté Harbin, la nappe d’hydrocarbures devrait, 700 km plus loin, atteindre le fleuve Amour qui est la principale source d’eau potable de la ville de Khabarovsk (Russie) et ses 600 000 habitants.
Selon l'agence chinoise de l'environnement, le jour de l'explosion, la pollution par le benzène a dépassé de 100 fois les normes chinoises autorisées, sur une partie du fleuve Songhua Jiang. Le benzène est un produit chimique liquide très volatil, sans couleur et très inflammable. Il provoque des effets aigus sur les yeux, les voies respiratoires et le système nerveux central, c’est aussi un des polluants atmosphériques cancérogènes les plus dangereux. Il n’a pas pu être déterminé de seuil au-dessous duquel il n’existe pas de danger pour la santé humaine. Même à très faible concentration le benzène, après s’être accumulé dans la moelle osseuse, peut entraîner après plusieurs années des troubles sanguins graves dont les leucémies.
Compte tenu des conditions climatiques (– 5° C), le benzène, ainsi que le nitrobenzène se sont solidifiés et ont surnagés. Dans ces conditions, il est probable que le benzène n’a pu que très partiellement se volatiliser lors de son parcours dans le fleuve Songhua Jiang. Par contre, une partie des hydrocarbures (benzène, nitrobenzène…) s’est dissoute dans l’eau puis s’est fixée dans les sédiments, d’où elle sera relarguée progressivement vers l’eau de la rivière. Le benzène est considéré comme un toxique se concentrant peu le long d’une chaîne alimentaire, mais les oiseaux de proie (rapaces), les poissons carnivores (brochets…), les ours et tous les animaux situés en bout de chaînes alimentaires devraient néanmoins à long terme être particulièrement menacés. La catastrophe écologique de cette région sensible, déjà gravement touchée par les multiples atteintes à l’environnement, est programmée pour le printemps 2006 car, lors de la hausse des températures, le benzène et les autres hydrocarbures piégés dans les sédiments vont retrouver leur état liquide.
Sources : d’après RFI, http://www.echo-nature.com, http://www.acme-eau.org, et http://atctoxicologie.free.fr