L'épineux problème de l'évacuation



Le Vésuve est considéré comme le plus dangereux volcan du monde… Ses flancs sont littéralement grignotés par l'urbanisation galopante de la région napolitaine. Le tissu urbain y est si dense que les communes qui se sont développées alentour semblent ne former qu'une immense ville grouillante et encerclant le volcan. Plus loin, mais déjà trop près, se trouve Naples, capitale régionale extrêmement peuplée. Le bâti gagne toujours plus de terrain sur les flancs du volcan, notamment sous l'effet de pressions d'origine mafieuse... La ville poursuit ainsi sa croissance, dans un incroyable imbroglio, malgré la menace qui pèse sur elle. L'occurrence de l'aléa apparaît comme inéluctable et les enjeux sont énormes : le risque est donc considérable. Naples et les communes avoisinantes sont sous le joug d'une épée de Damoclès : le Vésuve est trop calme, depuis trop longtemps. Cela fait plus de soixante ans qu'il n'est pas entré en éruption, et plus de trois siècles qu'aucune éruption majeure n'est à déplorer. Les fumerolles qui se dégagent en plusieurs endroits du cratère rappellent pourtant que ce calme n'est que relatif : le volcan bien qu'assoupi reste actif. Le plan d'urgence dressé en 1995 par la Sécurité Civile italienne semble à cet égard inadapté ; il est d'ailleurs en cours de révision. En cas d'éruption, il prévoit d'évacuer 700 000 personnes dans l'urgence, alors qu'au total, ce serait plus de 3 millions d'individus qui seraient concernés par les conséquences immédiates d'une éruption de forte intensité... Mais comment organiser une évacuation dans une zone si “anarchiquement” et densément urbanisée ? Les autorités tentent sans succès de désengorger les pentes du Vésuve en attribuant des aides financières aux familles qui acceptent de quitter leur logement pour aller s'installer dans des zones où le risque est moindre. Mais les gens sont attachés à leur logement et ils pensent que San Gennaro les protège : deux fois par an, au cours d'une grande cérémonie, les Napolitains prient ce saint de bien vouloir leur renouveler sa protection sur Naples. Ce manque de sensibilisation ne fait qu'aggraver le risque, déjà immense, qu'encoure Naples en cas d'éruption. L'actuel remaniement du plan d'urgence prévoit de réduire les délais d'évacuation de 7 jours à 3 jours, pour les personnes situées dans les zones les plus exposées. Une « modernisation » absolument essentielle quand on sait que personne n'est capable de dire précisément le laps de temps qui séparera les signes précurseurs de l'éruption proprement dite…
Source : d’après La Banque des Savoirs http://www.savoirs.essonne.fr/dossiers/la-terre/geophysique/article/type/0/intro/le-reveil-du-vesuve-menace-700-000-napolitains/