La lutte contre le criquet Pèlerin n’est pas sans risques



La sécurité alimentaire et les revenus provenant de l’exportation peuvent être sérieusement menacés dans les zones affectées par une invasion de criquets. Il n’est donc pas étonnant que des efforts de lutte extensifs soient mis en œuvre dès que des bandes larvaires ou des essaims de criquets Pèlerins apparaissent. Les épandages de pesticides chimiques constituent encore la principale approche utilisée pour lutter contre les criquets Pèlerins : le Niger notamment utilise annuellement 130 000 litres (1994 à 2003) de pesticides chimiques dans la lutte anti-acridienne. Toutefois, ces pesticides peuvent avoir des effets néfastes sur la santé et sur l’environnement :
- Certains pesticides sont plus dangereux que d’autres car non testés chimiquement.
- Des pesticides périmés, très contaminants pour l’environnement, sont régulièrement utilisés : des restes d’une invasion précédente, des financements insuffisants pour en acheter de nouveaux, une insuffisance de produits non périmés pour lutter contre une invasion...
- Ces pesticides sont stockés dans les villages dans des conditions qui ne permettent pas toujours d’assurer la non pollution des zones environnantes.
- Le mode d’épandage n’est pas précis : 80 à 90% de la dose de pesticides appliquée n'atteint pas la cible, car ils se volatilisent.
- Les pesticides chimiques antiacridiens ne sont pas spécifiques aux seuls acridiens, ils ont souvent un effet réducteur sur des ennemis naturels des acridiens, sur des oiseaux et sur des insectes d'utilités agronomiques.
- Les sols, et par conséquent les nappes phréatiques peuvent être contaminés par une trop forte concentration de l’épandage.
- Les pesticides sont également dangereux pour la santé humaine : en effet, une étude de 2001 conduite en Californie montre que la mort du fœtus due à une anomalie congénitale est plus fréquente chez les mères qui vivent pendant leur grossesse dans une aire de 9 miles carrés autour d'un endroit où l'on a pulvérisé des pesticides.
- Les conteneurs de pesticides sont très demandés par la population car ces grands barils de plastique ou de métal permettent de stocker des grandes quantités d’eau ou de nourriture. Malheureusement, cette réutilisation peut poser de graves problèmes sanitaires car les conteneurs ne peuvent toujours être nettoyés de manière à garantir l’absence de résidus toxiques. Sources : FAO, VertigO no 3, vol 6 (revue en sciences et environnement)