Derrière le sigle RUTF (Ready to Use Therapeutic Food), sous des aspects de friandise, se trouve un condensé de nutriments et d'énergie pour des enfants dont la santé, sinon la vie, dépend de l'accès à ce produit. Le premier RUTF, le BP100, était un biscuit que les enfants avaient du mal à manger : il fallait le réduire en bouillie dans de l'eau pour qu'ils puissent l'avaler. Se posaient alors les problèmes de l'accès à l'eau potable et de l'utilisation d'un récipient, donc d’hygiène, de goût et bien évidemment d'efficacité pour une prise de poids durable (conservation des nutriments). Le plus célèbre des RUTF est aujourd'hui le Plumpy'nut©, mélange de pâte d'arachide, de poudre de lait, de matières grasses, de sucre et d’un concentré de vitamines et de minéraux. Tout l'enjeu était d'inventer un produit thérapeutique prêt à l'emploi. Car en ce qui concerne le contenu (valeur énergétique, composition des micronutriments), il n'y a pas grandes différences entre les RUTF et le lait thérapeutique. Mais ce dernier se présente sous forme de poudre qu'il faut reconstituer avec de l'eau potable, le dosage est précis et le lait ne se conserve que deux heures... Conditionné en portion individuelle dans un sachet appelé « biskit » au Niger, le Plumpy'nut©, a un goût sucré et une texture onctueuse qui plaisent aux enfants, ce qui est très important quand on sait que la malnutrition aiguë entraîne progressivement une diminution voire une perte de l'appétit. Le RUTF présente de nombreux avantages : il peut être emmené et consommé partout, ne nécessite ni dosage, ni préparation, ni dilution, ni cuisson, ni eau, ni récipient et se conserve bien. De plus, les risques de contamination sont extrêmement limités : même si l'emballage reste ouvert, la concentration en énergie et nutriments est telle que les bactéries ne peuvent pas y survivre. Le RUTF donne le maximum d'énergie dans un minimum de volume, ce qui est particulièrement intéressant car les enfants ne peuvent pas manger en grandes quantités. Des sachets de Plumpy’nut© sont donnés aux familles qui peuvent ainsi nourrir leur enfant à la maison : ce traitement à domicile évite leur hospitalisation et allège considérablement le suivi médical. On constate que le taux de guérison des enfants est supérieur avec ce type de traitement (95 %) qu’avec un traitement au lait thérapeutique (45 %). C'est une recette qui bouleverse les pratiques médicales pour soigner les enfants malnutris : un produit thérapeutique nutritif prêt à l'emploi et apprécié des enfants.