La propagation du sida en Afrique du Sud et le statut des femmes



Partout le VIH prospère dans les populations les moins bien armées. La pauvreté, le déficit d’instruction, l’absence de droit des personnes, exposent l’individu au risque de transmission. Partout, les pauvres, les moins instruits, les individus privés de tout ou partie de leurs droits sont d’abord des femmes. La féminisation ininterrompue de la pandémie est une expression criante de la fracture qui peut exister entre les sexes.
Le statut de la femme est déterminant. Quand des femmes sont en état de subordination (sociale, sexuelle, intellectuelle, économique), elles sont dans une situation de vulnérabilité face au risque de transmission du virus. Les pressions, sociales, économiques, culturelles ne leur permettent pas de s’abstenir de rapports sexuels ou de se protéger. Certes, le virus se transmet plus facilement de l’homme à la femme que l’inverse mais ce caractère n’est pas suffisant pour expliquer une telle disproportion. L’Onusida ne déclare-t-elle pas dans son rapport de décembre 2004 : "Dans le monde, la plupart des femmes contractent l’infection à VIH en raison des comportements à haut risque de leur partenaire, sur lesquels elles n’ont pratiquement aucun contrôle."
En Afrique australe, où au moins 20% d’entre elles sont porteuses du virus, le contexte socio-culturel, économique et politique a donné au virus le moyen d’exprimer toute sa puissance destructrice. L’Afrique australe est l’Afrique des politiques ségrégationnistes, l’Afrique des mines, des villes, des grands ports et du bitume, l’Afrique des hommes migrants, des violences urbaines et domestiques. C’est ce contexte qui a permis au VIH de prospérer ici mieux que nulle part ailleurs. Source : D’après J. M. Amat-Roze, Géoconfluences L’infection à VIH/sida, image de la fracture Nord-sud ?, mai 2005