Le paludisme en Corse



La France est le pays d’Europe le plus touché par le paludisme d’importation avec plus de 5 000 cas par an. Ce type de paludisme, en recrudescence depuis 1995 (avec un maximum de 8056 cas en 2000) avant de régresser depuis 2001, est principalement dû à l’augmentation du nombre de voyageurs en zone d’endémie palustre et au non respect du traitement antipaludique lors du séjour et après le retour en France. Région la plus méridionale de la France métropolitaine, la Corse est logiquement susceptible de subir un retour du paludisme en avant-première. Historiquement, le paludisme y a été autochtone pendant de nombreuses années, y compris au XXe siècle : chronique au début de ce siècle, éradiqué à la fin des années 1930, de nouveau fréquent à l’issue de la Seconde guerre mondiale et de nouveau éliminé entre 1953 et 1964, le parasite Plasmodium a été réintroduit en 1965 par le biais des travailleurs en provenance du Maghreb, alors que la lutte antipalustre avait été abandonnée. Les derniers cas déclarés de paludisme autochtone datent de 1971 (19 cas dont 12 à Plasmodium vivax) et 1972 (2 cas à P. vivax). Si depuis 1973, aucun cas de paludisme autochtone n’a été signalé, les spécialistes estiment que « la Corse connaît une situation d’anophélisme sans paludisme » : il persiste en effet en Corse un risque de propagation du Plasmodium (en particulier P. vivax, espèce qui heureusement ne génère pas de paludisme mortel), du fait de la présence de moustiques vecteurs (notamment Anopheles labranchiae). Dans le scénario du retour du paludisme en Corse, le paludisme d’importation peut jouer un rôle primordial : entre 1999 et 2002, une trentaine de malades, en provenance d’Afrique pour plus de 90 % d’entres eux, furent traités pour paludisme (dont 3 cas à Plasmodium vivax).