Ecrans plats et ventres ronds



Une étude réalisée en France montre que de nombreux spots publicitaires de certains groupes agroalimentaires visent un public jeune. La malbouffe est omniprésente dans les publicités télévisées destinées aux enfants, non sans conséquences sur leur alimentation. Une impression largement partagée que confirme une étude inédite UFC-Que Choisir, dont les principaux enseignements sont donnés ci-après. Un enfant français sur cinq est en surpoids ou obèse. Une multitude de facteurs expliquent la progression fulgurante de cette épidémie : déstructuration des repas, alimentation trop riche en graisses et en sucres, activité physique insuffisante, etc. Au nombre des éléments incriminés figure la publicité télévisée pour des produits peu recommandables. En l'absence de données précises sur la question, nous avons tenté de mesurer son influence réelle. Premier volet de notre étude : l'analyse des plages publicitaires qui émaillent les émissions pour les enfants. 40 % des spots sont consacrés aux produits alimentaires, dont les trois quarts concernent les enfants, soit du fait du produit lui-même, soit du fait de sa présentation.


Fausses allégations sur la santé


Quels sont les aliments promus ? Au deux tiers des produits laitiers et des céréales pour petit déjeuner. Nous avons examiné la composition de chaque produit. Le résultat est édifiant. Parmi les produits laitiers, seuls 5 sur 16 peuvent être retenus pour leur intérêt nutritionnel, ce qui ne représente que 10 % des spots. Quant aux céréales pour petit déjeuner, 2 sur 12 sont bien équilibrées, soit seulement 5 % des messages publicitaires. Le reste se partage essentiellement entre les confiseries, les sodas, les hamburgers et autres gâteaux plus ou moins gras et sucrés. Au total, la malbouffe est surreprésentée.
Mais le marketing santé est omniprésent. Vanter les mérites d'un biscuit ou d'un yaourt en soulignant juste qu'il a bon goût, c'est dépassé : il faut d'abord rassurer les parents. Malgré le caractère déséquilibré de l'écrasante majorité des produits mis en avant, chacun rivalise de slogans prometteurs sur « l'énergie » apportée, l'assurance de « bien grandir », la « forme » garantie, quand on ne fait pas appel à un personnage en blouse blanche censé authentifier le propos. Et qu'importe si l'image renvoyée n'a rien à voir avec la réalité du produit. Comme les termes employés restent toujours assez vagues, personne ne craint les procès pour publicité mensongère.
Source : d’après « Publicité télé », UFC Que choisir ?, 29 septembre 2006.