« Les enfants ne seront pas épargnés par l’augmentation de la publicité »



Le Parlement européen a adopté, le 13 décembre 2006, la directive « Télévision sans frontières », qui autorise une diffusion plus large de la publicité, notamment à travers le « placement de produits » dans les émissions, les films et les téléfilms. Les associations de consommateurs, qui souhaitaient une interdiction des publicités pour la « junk food » dans les programmes destinés aux enfants, n’ont pas obtenu satisfaction. Elles demandent aux ministres européens d’intervenir pour interdire ces spots, comme l’a récemment décidé la Grande–Bretagne pour les programmes s’adressant aux moins de 16 ans.
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Les émissions de télévision peuvent désormais être interrompues par la publicité toutes les 30 minutes, au lieu des 45 minutes actuellement autorisées, sans exception pour les programmes destinés à la jeunesse.
[...]Cette directive, justifiée par la nécessité d’«harmoniser les règles au niveau européen» et de «préserver la rentabilité économique» des médias audiovisuels, va, quoi qu’il en soit, à l’encontre des recommandations faites par les professionnels de la santé.
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Les publicitaires, de leur côté, ont estimé qu'une interdiction totale de la publicité pour certains produits serait disproportionnée. La Food Advertising Unit considère que les derniers travaux scientifiques ne permettent pas d'établir un lien direct entre la publicité pour certains types de produits alimentaires et le développement de problèmes nutritionnels chez les enfants. Des arguments totalement contredits par l’étude, réalisée en octobre 2006, par l’UFC-Que Choisir, concluant que plus les enfants regardent la télévision, plus ils consomment de produits gras et sucrés. Après avoir analysé l’impact des spots publicitaires sur les comportements alimentaires des enfants, les conclusions de l’association sont sans appel : la publicité contribue largement à diriger les enfants vers des produits qui contribuent à l’obésité. Réagissant à l’adoption de la directive TSF, l'UFC - Que Choisir considère que ce vote « sacrifie les consommateurs sur l'autel de la pub » et demande au gouvernement « d'interdire au niveau français la diffusion des publicités pour les produits les plus gras et les plus sucrés lors des programmes pour enfants ». La CLCV partage le même avis et considère que cette demande rejoint l'engagement pris par 53 ministres européens lors de la conférence de l’OMS d’adopter des « réglementations réduisant significativement la quantité et l'impact des publicités pour les boissons et les aliments très caloriques destinés en particulier aux enfants », prise le 18 novembre 2006. Enfin, les associations s’interrogent sur la pertinence de laisser la régulation de la publicité aux seuls professionnels, comme le revendiquent l’industrie agroalimentaire et le Bureau de Vérification de la Publicité. Ce dernier fixe certes des règles, mais il ne dispose que d’un pouvoir consultatif. [...]
Source : Véronique Smée, mis en ligne le : 22/12/2006 , http://www.novethic.fr