Des terres sans hommes pour des hommes sans terre



Longtemps considérées comme illimitées et sans hommes, les terres amazoniennes, se sont peuplées : la population est passée d’environ 5 millions de personnes en 1960 à plus de 20 millions en 2000. Dans un premier temps, face à la menace d’une internationalisation de l'Amazonie, évoquée aux Nations Unies comme un « patrimoine de l'humanité », des généraux s'emparent du pouvoir au Brésil en 1964 avec le mot d'ordre « intégrer l'Amazonie, pour ne pas la brader ». Pour cela, ils voient grand et décrètent un plan d'intégration nationale, le PIN, dont le symbole et l'instrument sera une autoroute de 5 600 km, depuis Recife, sur la côte Atlantique, jusqu'à la région d'Acre, à la frontière de la Bolivie : la Transamazonienne. En 1970, inaugurant un premier tronçon de l'autoroute, le président Emilio Garrastazu Medici déclare que la Transamazonienne va ouvrir « des terres sans hommes pour des hommes sans terre », l’objectif étant d'affirmer la possession de l'Amazonie par l'État fédéral, mais aussi de résoudre des problèmes économiques et sociaux en encourageant le transfert de nombreux paysans sans terre du nord-est, région alors pauvre et très peuplée. Cependant, le nombre de candidats à la colonisation a vite dépassé la capacité à les intégrer. Ces nouveaux arrivants occupent alors d’autres terrains qu’ils défrichent le plus souvent illégalement. De plus, l’État a la volonté de promouvoir le développement de cette région et de l’intégrer à l’économie nationale. Il accorde alors à des entreprises privées le droit d’exploiter les ressources (bois, agricoles, minières…). L’exploitation minière (métaux et minéraux précieux) provoque une déforestation à grande échelle pour permettre l’installation d’infrastructures importantes. L’exploitation industrielle du bois, réalisée généralement sans plan ni organisation, et souvent de manière illégale, influence directement la colonisation de la forêt. En effet, les routes informelles construites pour l’évacuation des coupes permettent aux exploitants agricoles d’avoir accès à des secteurs jusque-là intacts. D’ailleurs, d'après une étude de l'Institut amazonien de la population et de l'environnement (IMAZON), la forêt amazonienne est traversée par au moins 95 355 km de routes illégales, ce qui équivaut à dix fois la longueur des routes légales de la zone. Selon ce rapport, « les routes illégales de l'Amazonie sont les voies d'entrée de la déforestation [...]. La relation entre routes et déforestation est sensible, car 75 % des zones forestières dévastées se situent à proximité de routes ».
Sources : d’après « L'autoroute de l'amertume », Michel Braudeau, Le Monde 16 juillet 2003 ; L’express, n°2520, octobre 1999 ; www.notre-planet.info ; www.futura-sciences.com