L’abattage illégal d’arbres participe à la déforestation galopante de la forêt Amazonienne



Le 18 mai 2005, les autorités brésiliennes ont confirmé que la déforestation avait atteint dans la période 2003-2004, son second plus haut niveau, avec des pertes couvrant une superficie de 26 130 km², une zone équivalent à la taille de la Belgique. Au final, près de 20 % de la plus grande forêt tropicale de la planète, qui abrite environ 30 % des espèces animales et végétales du monde, a maintenant été perdue au profit notamment des activités agricoles (élevage surtout). La prise en compte des coupes sélectives La photo-interprétation des images satellites ne laisse entrevoir que les zones entièrement déboisées pour l’agriculture ou l’élevage. Grâce aux nouvelles technologies optiques et un logiciel d'interprétation mis au point par une équipe de l’université de Stanford et de la Carnegie, on peut désormais distinguer les variations de la canopée dues à l’abattage sélectif des arbres et constater l’ampleur de plusieurs décennies de coupes sélectives d'au moins 35 variétés ayant une valeur marchande élevée. Greg Asner, qui a dirigé cette recherche, a précisé que l'abattage sélectif sauvage entraînait la perte annuelle de surface forestière équivalente à près de 5 % du territoire français. Les coupes sélectives concernent des arbres comme l'acajou ou le mahogany, dont un seul arbre vaut plusieurs centaines de dollars à la scierie. Or, pour chaque arbre coupé sélectivement, une trentaine de plus sont abîmés, des chemins et des routes sont créées et 600 m² de canopée est ouverte, laissant passer les rayons du soleil ce qui assèche les sols, accroît l'érosion et crée des conditions plus favorables aux incendies. En juillet 2004, Carlos Nobre chercheur à l’Institut national des investigations spatiales (INPE) avait signalé que la déforestation de la forêt amazonienne pourrait conduire à sa transformation en une vaste savane d’ici 50 à 100 ans. Une richesse inestimable ravagée « Ces coupes ont un impact négatif sur l'équilibre écologique fragile de la forêt amazonienne en provoquant la destruction de nombre d'arbres, de plantes et d'animaux », ajoute Greg Asner. Avec un panel de 40 000 espèces végétales et de 14 000 espèces animales, cette forêt est un sanctuaire de la biodiversité. Elle abrite 23 écosystèmes différents et renferme la plus grande concentration d'organismes biologiques de la planète. Les scientifiques estiment qu'ils représentent entre 15 et 30 % de l'ensemble des espèces connues dans le monde. Environ 3 000 espèces de poissons d'eau douce ont été répertoriées dans les fleuves et les lacs d'Amazonie. Une source d'émission de gaz à effet de serre On estime que 400 millions de tonnes de CO2 sont produites annuellement du fait de la déforestation traditionnelle de l'Amazonie. La décomposition des déchets de bois et d'autres végétaux due aux abattages produit 25 % d'oxyde de carbone (CO2) en plus dans l'atmosphère, par conséquent les coupes sélectives augmentent de 100 millions de tonnes les émissions de CO2, ce qui, selon M. Asner, pourrait avoir un impact sur le climat de la planète. Une exploitation forestière sans aucun contrôle Selon Greenpeace, « un grand nombre de compagnies exploitent sans permis, coupent du bois dans des zones protégées, exportent illégalement. Même les compagnies forestières transnationales qui auraient les capacités pour gérer durablement la forêt amazonienne profitent de ce marché illégal et ne font aucun investissement qui irait dans le sens d'une gestion durable. » Au total, 80 % du bois exploité au Brésil est illégal. Alors que l'abattage bien géré peut fournir une source de revenus à long terme pour les personnes et le gouvernement, l'abattage illégal est souvent non durable avec comme conséquences la fragmentation des habitats et des pertes financières.
Sources : d’après : AFP, 21/10/2005 ; www.notre-planete.info et www.wwf.be