Villa el Salvador (VES), ancien bidonville en banlieue de Lima, est devenu aujourd’hui une municipalité qui se caractérise par son haut degré d'organisation sociale et par son parc industriel co-géré par la municipalité et les associations locales d'entrepreneurs. On y retrouve plus de 3 000 associations de quartier et sectorielles. Dès le début, une des idées-forces de Villa El Salvador a été d’en faire non pas une ville-dortoir, mais une ville productive et un endroit dynamique au plan de l'emploi, en réservant deux zones importantes, l’une dédiée à la production agricole et l’autre à l’installation d’un parc industriel. La municipalité de Villa El Salvador, soutenue par diverses ONG, a en effet obtenu l'autorisation d'utiliser un espace réservé par le gouvernement pour l'organisation d'un parc industriel afin d'y installer des petites industries et des micro-entreprises pour développer son économie. La priorité a été donnée par Villa el Salvador à la commercialisation, à l'assistance technique, au financement et à la formation entrepreneuriale afin de stimuler cette économie locale naissante. Le parc industriel est rapidement devenu une vitrine du succès économique de Villa el Salvador. Il dispose aujourd’hui d’environ 30 000 emplois (dont la moitié sont permanents) répartis dans 8 000 petites entreprises groupées autour de sept secteurs productifs : meuble, métal-mécanique, habillement, chaussure, artisanat, fonderie et aliments. Près de 50 % d’entre elles utilisent l’espace productif comme habitat familial. L’assistance technique aux petites entreprises du parc industriel mit l’accent sur la qualité de la production et la promotion commerciale. Grâce à cela, plusieurs se sont converties en fournisseurs des grands magasins de Lima, et commencent à exporter. Villa el Salvador est devenue le principal producteur de meubles du Pérou et l’un des plus importants dans le domaine de l’habillement des articles de cuir. Les agriculteurs, les industriels et les commerçants sont aujourd’hui des acteurs clefs sur la scène politique de Villa el Salvador, comme en atteste également leur active collaboration au budget participatif. Cependant, malgré cette volonté de dynamisme économique, le district est loin d’avoir résolu certaines faiblesses. 38 000 personnes sont en situation d’extrême pauvreté (environ 11% de la population totale) et le taux de croissance de la population en 2002 était de 5%, alors que le district ne dispose plus de possibilité d’extension urbaine (encadré au nord, à l’est et au sud par d’autres districts, et à l’ouest par l’Océan Pacifique); enfin, la délinquance ne cesse d’augmenter, situant Villa El Salvador parmi les districts les moins sûrs de Lima. Sources : article de Diana Burgos-Vigna, L’évolution de l’action collective à Villa el Salvador (Lima) : de la communauté autogérée au budget participatif, Revue CAIRN, N°124, 2003/2004 ; www.cairn.info ; www.alterinfos.org