Avec le « merroutage », les camions prennent la mer



En service depuis le 27 janvier, la première ligne française de « merroutage » permet, trois fois par semaine, d'embarquer 400 passagers et 150 camions, aller et retour, du port de Brégaillon, situé entre Toulon et La Seyne-sur-Mer (Var), à celui de Civitavecchia, au sud de Rome. Chaque voyage du navire roulier Eurostar-Valencia allège d'autant l'axe routier entre la France et l'Italie où circulent chaque jour 20 000 véhicules, dont 4 000 poids lourds.
Cette ligne a été lancée par deux compagnies, l'une française, Louis Dreyfus, et l'autre italienne, Grimaldi Group, sur le modèle d'une rotation existante entre Barcelone et Civitavecchia. Les armateurs espéraient obtenir 2 millions d'euros de Paris, qui ne leur en a finalement accordé que la moitié. Ils attendent encore 3 millions de l'Union Européenne. Côté italien, le gouvernement prévoit plutôt d'accorder des « bons écologiques » de 100 euros par trajet aux entreprises choisissant ce mode de transport alternatif.
Le coût et la durée du voyage tiennent lieu d'argument commercial. « Par rapport à la route, le trajet entre Toulon et Rome dure sept heures de moins par la mer et le coût est divisé par deux ». À 450 euros, avec deux repas pour le conducteur, le prix est avantageux. Par la route, le seul franchissement des tunnels de Fréjus ou du Mont-Blanc s'élève à 200 euros. Les conducteurs semblent satisfaits du service : « Cela nous évite une partie de route difficile entre Vintimille et Gênes », explique Christophe, un conducteur. Selon ses promoteurs, cette « autoroute de la mer » a trois ans pour s'imposer. Source : Lilian Renard, Le Monde, 13 avril 2005