Transport routier et pollution dans les Alpes :

le cas particulier de la vallée de Chamonix



Une situation géographique défavorable

La vallée de Chamonix est très étroite (moins d’1 km de large), située à plus de 1 000 m d’altitude et encadrée par des versants montagneux très abrupts.
De plus, les inversions thermiques y sont fréquentes et la vallée est très peu ventée, sauf lorsque le Foehn (vent sec et chaud) souffle et remet en suspension les particules PM10


Le poids disproportionné des camions dans la pollution de l’air

Les moteurs diesels produisent deux des polluants les plus nocifs pour la santé : les particules (PM) et les oxydes d’azote (NOX). Ces particules, ainsi que le monoxyde de carbone (CO) pénètrent facilement à l’intérieur des maisons, même fenêtres fermées.
Un camion émet jusqu’à 1 000 fois plus de PM et 500 fois plus de NOX qu’une voiture par temps normal, et encore plus par temps froid.
Sur la route d’accès au tunnel du Mont-Blanc, où la pente atteint 7%, la pollution est 5 fois plus importante qu’en plaine, car un camion de 40 tonnes consomme jusqu’à 215 litres aux 100 km à cette inclinaison, contre une consommation de 40 litres/100 en plaine (d’après des chiffres de l’INRETS).
Un camion de 40 tonnes circulant sur terrain plat à 90 km/h émet en moyenne 5 kg de CO2 au km (selon l’INESTENE). Sur la rampe d’accès au Mont-Blanc, ce même camion émet jusqu’à 25 kg de CO2 au km.
A la descente, ce sont des particules de métaux qui s’échappent au freinage.


Une pollution meurtrière et coûteuse

Vivre au bord d’une route à fort trafic multiplie par deux la mortalité par maladies cardio-pulmonaires (The Lancet, octobre 2002). L’OMS a chiffré le nombre de décès annuels directement attribuables à la pollution routière en France : 17 600 morts en 1996 (31 700 décès, toutes pollutions atmosphériques confondues), auxquels il faut ajouter 18 700 hospitalisations, 20 400 bronchites chroniques et 250 000 cas de bronchites chez les moins de 15 ans. Le coût des dépenses de santé liées à la pollution routière était de 21,6 milliards d’euros en 1996. A titre comparatif, le déficit de la sécurité sociale a atteint 12 milliards d’euros en 2004.
Rappelons que la suppression de la circulation des poids lourds sur la rampe d’accès au Mont-Blanc, après la fermeture du tunnel en 1999, a permis la réduction d’au moins 45 kg/j/km (soit plus de 70%) des émissions de NOX (oxydes d’azote) dans la vallée de Chamonix. Les émissions quotidiennes entre Les Houches et Chamonix étaient de l’ordre de 13 kg/km, pendant la période étudiée. Source : Dossier de synthèse préparé par Anne Lassman-Trappier, 12 mai 2004, http://www.arsmb.com/