Aéroports parisiens : les riverains oubliés



Autour des aéroports parisiens, les années passent mais le bruit reste. Et les riverains peuvent continuer à se boucher les oreilles. Avec encore plus de vigueur que les années précédentes, le « gendarme du bruit aérien » dénonce le manque d'argent et de volonté politique. Dans son rapport annuel 2006, remis il y a quelques jours aux autorités concernées (...) l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (Acnusa) critique sévèrement les services de l'Etat et Aéroports de Paris. « L'inadéquation » des mécanismes actuels d'aide à l'insonorisation est une nouvelle fois dénoncée. Selon l'Acnusa, il reste 53 700 logements à insonoriser autour de Roissy et 33 000 autour d'Orly. Or elle note « l'insuffisance » des budgets et la « complexité » des procédures. Il y a quelques années, l'Autorité avait suggéré la création d'une taxe d'un euro sur chaque billet pour aider les habitants à acheter des doubles vitrages. L'idée a bien été reprise par Jacques Chirac l'année dernière, mais pour financer l'aide aux pays du Tiers Monde. « Notre suggestion est encore valable », indique la présidente de l'Acnusa, Patricia de Forges. Autre reproche, la révision des cartes de bruit, qui empêchent les constructions dans les zones les plus exposées et facilitent l'obtention des aides à l'isolation, est très en retard (celle d'Orly date de 1975!). À Roissy Charles-de-Gaulle, la révision du plan d'exposition au bruit pourrait être approuvée dans les semaines à venir... avec deux ans de retard. (...) À Roissy toujours, « Air France a fait de gros efforts en acceptant d'abandonner plus de 700 créneaux de vol entre minuit et 5 h du matin », note Mme de Forges. Mais elle indique aussi que les vols entre 5 et 6 heures du matin ont augmenté d'un nombre presque équivalent.
A Orly, c'est « l'immobilisme ». Le plan d'exposition au bruit n'a même pas été mis en chantier, rendant impossible son approbation avant le 30 juin prochain, date butoir fixée par l'Union européenne. (...)
Au Bourget, la situation est identique. Aucun plan d'exposition au bruit n'a été lancé alors que les voyages d'affaires ont augmenté de près de 10% depuis 2000. L'Acnusa note qu'en 2005 et 2006, la réglementation y a été « bafouée », les infractions sanctionnées étant « de plus en plus rares ». De nombreuses explications à l'attitude générale des autorités pourront être trouvées, et notamment la faiblesse du ministère chargé de l'environnement face aux ministères développeurs. L‘Acnusa en rajoute une, abruptement formulée par Mme de Forge : depuis sa privatisation partielle, en mai 2006, « ADP s'intéresse plus aux actionnaires qu'aux riverains ». Vendredi, ADP ne souhaitait pas faire de commentaire, n'ayant pas reçu le rapport. Source : Antoine DEBIEVRE, article paru dans Le Journal du Dimanche, 01 avril 2007