Détroit de Gibraltar, la traversée maudite



Attirés par les promesses supposées d’une Europe riche et prospère, des millions d’individus sont prêts à prendre des risques personnels et financiers très importants pour quitter leurs pays où leurs perspectives d'avenir sont parfois inexistantes.
En raison de la méconnaissance de l’itinéraire et des lieux qu’ils traversent, les immigrés sont obligés de faire appel à des passeurs. Ceux-ci proposent les embarcations indispensables pour franchir la mer et connaissent les côtes et les dispositifs espagnols anti-immigration. Mais la réussite de la traversée n’est pas pour autant garantie.
Les conditions de voyage proposées à ces candidats à l’ « Eldorado » européen sont inhumaines. Entassés dans des embarcations de fortune ou dans des cales de bateaux, pendant des jours, sans nourriture et sans eau (ou si peu) et sans hygiène, ils mettent leur vie en péril pour être, la plupart du temps, refoulés manu militari une fois arrivés à destination.
Peu arrivent finalement à entrer clandestinement en Espagne et pour ceux qui y parviennent, beaucoup alimentent une économie souterraine de travail clandestin dans des conditions relevant de l’esclavagisme : horaires et cadences infernales, salaires dérisoires et vie sous la menace d’une dénonciation… Malgré la volonté de démanteler ces réseaux, les moyens de contrôle et de sanction ne sont pas suffisamment importants pour être efficaces et ces situations perdurent. Source : Courrier international, n°684, 2003/12/11, p. 50-56 / Ritimo, Ciip, 2006 http://www.ritimo.org/