L’ Espagne régularise près de 700 000 sans-papiers



Le chiffre officiel est de 690 679 demandes de régularisation. (…) Ce serait un nouveau record européen si elle surpassait la légalisation de près de 700 000 clandestins en 2003 en Italie. (…) Avalisés impérativement par une preuve de résidence en Espagne antérieure au 7 août 2004, par un extrait de casier judiciaire vierge et surtout par un contrat de travail d'au moins six mois (trois mois dans l'agriculture), tous les dossiers de régularisation, présentés obligatoirement par des employeurs, concernent exclusivement des étrangers qui travaillaient au noir en Espagne. Les chômeurs sont exclus de cette régularisation moins humanitaire qu'économique. La hausse attendue des rentrées fiscales et la consolidation de la sécurité sociale étaient des objectifs proclamés par le gouvernement socialiste espagnol (…) avec la collaboration des syndicats et d'employeurs implicitement amnistiés.
Parmi les 690 679 candidats à la régularisation, les plus nombreux sont les Equatoriens (20,3%), les Roumains (17,2%), les Marocains (12,5%) et les Colombiens (8,2%) (…). Leurs contrats de travail relèvent principalement du secteur des gens de maison (domestiques, nurses, gardes-malades, etc., 31,67%), de la construction (20,76%), de l'agriculture et élevage (14,61%), de l'hôtellerie (10,36%). (…)
L'inquiétude dans plusieurs capitales [européennes] est d'autant plus grande que les bénéficiaires de la régularisation espagnole vont en principe pouvoir circuler au sein de l'UE. Le ministre espagnol du Travail affirme que cette régularisation est la dernière. Elle est néanmoins la 6e lancée en Espagne en 20 ans. Dans un rapport intitulé « La régulation de l'immigration en Europe », (…) des professeurs de huit universités européennes estiment que « la multiplication des régularisations extraordinaires ces dernières années en Espagne a propagé l'idée que les voies légales pour y résider et y travailler sont secondaires » et que « l'important est d'entrer dans le pays, puisqu’après on finira par obtenir tous les permis ». Source : extrait de l’article de Christian Galloy, analyste politique, directeur de LatinReporters.com, 9 mai 2005 http://www.latinreporters.com/espagnesoc08052005.html