Les sociétés face aux risques



I. Le risque, une notion ancienne


Le risque n’est pas une nouveauté des sociétés contemporaines. Les hommes ont toujours subi des calamités naturelles et de grandes épidémies. Ainsi par le passé des catastrophes ont profondément affecté les populations et les territoires : éruptions volcaniques (le Vésuve au Ier siècle, la Montagne Pelée en Martinique), séismes (Lisbonne au XVIIIe siècle), épidémies (peste au Moyen Age, grippe espagnole au début du XXe siècle),… Les sociétés du passé invoquaient souvent les dieux déclenchant des calamités pour punir les hommes ; cela explique que les catastrophes aient longtemps été perçues comme inévitables et parfois acceptées comme une fatalité. Progressivement, le risque est devenu une notion mieux comprise par les sociétés, il a aussi pris de plus en plus d’importance et de place. Il est devenu un objet d’étude scientifique dans le but de rendre les populations et les biens moins vulnérables.

II. Les risques


Ainsi peut-on distinguer les risques : sociaux (dans le cas d’émeutes), géopolitiques (risques de conflits liés au partage des ressources), économiques (krach financier), naturels (séismes) ou technologiques (conséquence de la présence d’industries ou de transport de produits dangereux…), sanitaires (épidémies, pollutions) ou biologiques (OGM). Il est de fait impossible d’en faire le tour et il serait vain de vouloir étudier les types de risques selon cette typologie.

III. Voir les risques à travers le développement durable


L’étude des risques invite à étudier l’inégale fragilité des sociétés face aux risques, à interroger les rapports entre risques et développement, à souligner l’inégale vulnérabilité des populations, qu’elle que soit l’échelle retenue. Ainsi, étudier les risques c’est prendre en compte toutes les dimensions du phénomène.
- Les faits de nature et les faits de culture : ce qui relève de l’aléa ou de facteurs naturels (le volcan, le cyclone) et ce qui est de la responsabilité de la société à travers son organisation économique, sa culture, son histoire, ses aménagements ;
- L’inégale fragilité des sociétés face aux risques selon leur niveau de développement ;
- La manière dont les sociétés se protègent, par les mesures de prévision de protection et par la prévention qui passe par l’intégration des risques dans les politiques d’aménagement du territoire. En effet, les choix d’urbaniser ou non des zones inondables par exemple, de limiter ou non l’urbanisation de certains littoraux exposés aux aléas peuvent aggraver ou réduire le risque.
- Mais plus encore dans l’optique du développement durable il faut prendre la mesure de la dimension globale des risques.
- Le réchauffement climatique, risque majeur et mondial, oblige à conduire une réflexion qui articule le local et le global. Cette dimension implique une coopération internationale.
- La mondialisation et la mise en réseaux du monde favorisent aussi la diffusion des risques et accroît la vulnérabilité des sociétés, par l’effet domino par exemple. La question des sociétés face aux risques amène finalement à réinterroger l’action des hommes et à envisager leur responsabilité dans la mécanique des risques, qui peut apparaître comme la conséquence de la production de biens et de richesses.

IV. Pour une approche renouvelée du risque : le choix de l’interdisciplinarité


Le risque est par essence un objet d’étude qui doit être abordé par plusieurs disciplines, qui croisent leurs regards et leurs approches : l’étude des risques concerne aussi bien la géographie, l’histoire, les sciences de la vie et de la terre, l’économie ou le droit. La connaissance de l’aléa, bien que nécessaire, n’est pas suffisante pour une gestion des risques, qui doit mobiliser toutes les autres données. L’approche géographique s’appuie sur les apports des Sciences de la Vie et de la Terre pour faire la part dans l’étude des crises de ce qui relève de la nature et de ce qui est de la responsabilité du groupe social à travers son organisation économique, sa culture, son histoire. Pour les géographes, l’étude des risques est forcément liée à celle des sociétés. La démarche montre comment les différents risques sont aggravés ou réduits par l’action de l’homme, y compris en référence à leur perception des risques liée à la culture de chaque groupe social. Elle envisage aussi la manière dont les sociétés prennent en compte les risques, car si la connaissance du risque impose la connaissance de l’aléa, elle implique aussi une réflexion sur les formes d’organisation spatiale et les modes d’aménagement des territoires. La Géographie invite ainsi à comprendre pourquoi la prévention des risques passe par leur intégration dans les politiques d’aménagement du territoire. En effet, les choix d’urbaniser ou non des zones inondables par exemple, de limiter ou non l’urbanisation de certains littoraux exposés aux aléas peuvent aggraver ou réduire le risque. Enfin la thématique du risque invite à manier différents outils géographiques et à les confronter : ce sont des documents officiels comme les plans de prévention des risques, les plans d’urbanisme, et différents outils, comme les images satellites, les SIG.

V. Raisonner localement et globalement


Pour ce programme c’est une approche globale des risques mettant l’accent sur les sociétés qui a été privilégiée, mais sans viser ni à l’étude exhaustive ni à une typologie des différents risques. Ainsi le risque sanitaire n’est évoqué ici que de manière indirecte, mais on peut retrouver cette thématique très précisément dans le programme Santé (études de cas, exercices et savoirs).

VI. Éduquer aux risques pour un Développement Durable


En amenant les élèves par le biais des études de cas, des exemples et des savoirs à identifier les enjeux et les paradoxes des risques, à manier les échelles, à utiliser de nouveaux documents et de nouveaux outils, ce programme les conduit à prendre conscience :
- De la nécessité d’une approche globale intégrant les faits de nature et les faits de société pour une compréhension des risques. Cette approche conduit à remettre en cause la fatalité et le hasard.
- Des enjeux que représente l’aménagement des territoires dans la prévention des risques.
- Du caractère de plus en plus global des risques et de la nécessité qu’il y a désormais à agir localement mais à penser globalement. Ainsi armés, sans doute les élèves seront-ils à même de peser et d’agir sur les comportements et les choix d’aménagement du présent et du futur. C’est en ce sens que ce programme peut participer pleinement à l’Éducation au Développement Durable.